
Directrice du CFA de l’IGS à Lyon et présidente de la FNADIR*, Roselyne HUBERT dresse un bilan de la campagne d’apprentissage 2020 et pointe un certain nombre d’évolutions pour s’adapter à la crise COVID.
* La fédération nationale des associations régionales de directeurs de centres d’apprentis a été créée il y a 35 ans. Elle compte 560 adhérents en France et forme plus de 300 000 apprentis.
Quel bilan faites-vous de la campagne d’alternance 2020 ?
C’est une année historique pour l’apprentissage ! Pour la première fois, nous avons dépassé la barre des 500 000 contrats.
Je vois 2 raisons majeures à ce record :
Les aides financières apportées par le gouvernement dans le cadre du “plan 1 jeune 1 solution” qui ont eu un effet incitatif auprès des employeurs.
La loi avenir 2018 qui a participé à libéraliser le marché, favoriser la création de nouveaux CFAs et développer les opportunités de formation, notamment sur des métiers en tension.
Depuis quelques années, nous nous sommes attachés à faire évoluer l’image de l’apprentissage. L’année 2020 s’inscrit dans cette continuité : nous devons capitaliser sur ce niveau historique et poursuivre notre travail de pédagogie, notamment pour les premiers niveaux de qualification pour lesquels des préjugés subsistent encore.
Comment les CFA ont-ils su s’adapter au COVID 19 ?
Le contexte sanitaire a nécessité 2 adaptations : faire évoluer la pédagogie et ajuster nos pratiques de recrutement.
En ce qui concerne la pédagogie, le premier confinement a imposé le “distanciel”. Cela a eu pour effet d’accélérer la digitalisation de nos formations.
Cette tendance va perdurer : il faut préparer nos apprentis à collaborer à distance comme ils le feront au sein de leurs organisations.
Avec le temps, l’enjeu sera de trouver un point d’équilibre : la présence des apprentis sur les sites de formation favorise le lien social. C’est une dimension essentielle à leur épanouissement.
Côté sourcing des candidats, la pandémie a pénalisé l’organisation des salons, des journées portes ouvertes, informations collectives…. Nous avons dû nous ajuster et privilégier des formats réduits ou digitaux. Chacun doit encore prendre ses marques, cela va faire émerger de nouvelles approches.
Je note une tendance forte : les CFAs ont renforcé leur présence sur les réseaux sociaux pour créer un lien avec les futurs candidats. Au-delà de Facebook et LinkedIn déjà largement utilisés, Instagram, TikTok sont maintenant régulièrement activés.
Quelles sont vos projections pour la campagne d’alternance 2021 ?
Les décisions gouvernementales à venir et le renouvellement des aides financières auront nécessairement un impact sur la mobilisation des entreprises.
Pour le coup, les démarches auprès des grandes entreprises sont déjà engagées : elles sont au rendez-vous ce qui nous permet d’être confiant pour l’avenir.
Du côté des candidats, nous sommes davantage dans l’inconnu. Le contexte inédit de la campagne 2021 n’offre pas de point de comparaison avec ce qui a pu se faire dans le passé. Cela donne l’impression de naviguer à vue avec l’appréhension que cela peut générer.
J’observe néanmoins des évolutions : la démultiplication des points de contacts, une approche davantage individualisée qui vise à devenir plus qualitative que quantitative.
A ce stade, nous avons à faire à des candidats proactifs, dont certains qui ont des réflexions poussées sur leur avenir professionnel et le taux de transformation est très encourageant pour ces derniers.
Nous serons attentifs aux CFAs qui forment à des métiers techniques, parfois méconnus qui peuvent souffrir d’un déficit d’attractivité et rencontrer des problématiques pour recruter. Il y a un risque d’une grande disparité suivant les secteurs d’activités.
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